ALLER SIMPLE
Voici une image pour chaque jour, ou plutôt un simulacre d’image, double du moment et de sa lumière. Un acte de poésie plastique déposé dans un espace minuscule : le cliché de Polaroid. Sur ce support le plus instantané qui soit de la photographie, et bien que la photo n’y soit pour rien, le travail rêveur de l’artiste s’installe à contre-emploi, mais pas à contresens.
N’est pas cet acte absurde d’arrêter le temps par la photographie qui est tournée en dérision, troquant l’image mécanique contre un collage, il en dira bien plus que la petite image possible du Polaroid. Sonia mêle ses miniatures de rêveries que sont les timbres des postes du monde entier à des objets vus à peine, mais vus quand même si souvent : indices évocateurs du voyage, étiquettes d’avion, tickets de métro, décorations intérieures d’enveloppes, napperon de verre à vin.
Elle s’éloigne de villes futures, très haut, très loin, par ces images labyrinthiques de circuits éléctroniques minuscules. Elle y intervient au pinceau, jetant par ces formes de couleur géométriques une joie éphémère, celle du passage, celle de l’instant fugitif ; plaisir léger presque mécanique qui circule dans ce petit format infiniment répété. N’est-ce point l’âme même de la modernité qu’on perpétue ici, celle qui tient son origine dans les collages du cubisme ?
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