Dans le jeu de cache-cache de la peinture, le tableau qui se fait se dérobe à la vue du peintre évidemment. Il ne se livre qu’à l’issue d’une bataille dont la stratégie varie selon les individus, à chacun ses armes… Sonia sait ses propres formes, elle les tient bien ; elle n’échappe pas pourtant à cette stratégie qui consiste à forcer le tableau à se dévoiler. Ce qui ne signifie pas qu’il va tomber comme cela, tout cru, sur la toile et livrer sans combat son secret, sa lumière ; non, le combat sera lentement mené et mûrement réfléchi. Certes c’est aussi un jeu, qui pour elle ressemble plus au jeu de go qu’à celui des dames… Il est chez elle intense et frais.
Elaborer une lumière à partir de formes simples, de formes géométriques n’est pas une chose aisée. Donner de la vie à la surface d’un tableau sans la sécurité de l’image, n’est pas une esquive, ni un refus du réel, c’est un risque en plus. Sonia le sait parce qu’elle regarde le monde et le scintillement souvent trouble de ses lumières . Elle fusionne le sensible et le sans limite dans le chant des couleurs. Sa propre perception en fait une musique plastique qui se saisit de votre regard et le met en mouvement. Elle le fait entrer dans le scintillement d’un espace libre, plus même on peut dire : d’un espace libéré de la représentation.
Ces règles rigoureuses qu’elle s’est données, loin d’écarter la fantaisie et l’imagination de son travail donnent aux couleurs un lieu de jeu où elles vivent et dansent selon les pas répétés que la peintre chorégraphe a choisi : elles sont joyeuses, secrètes, mystérieuses, elles chantent, et c’est l’espace lui même qui scintille.
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